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Développement

économique

transfrontalier

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Thèmes transversaux du développement économique transfrontalier

Marché de l’emploi,

formation professionnelle,

apprentissage, qualifications

Face au constat d’une hausse des mobilités quotidiennes (déplacements

pendulaires) et d’une faible mobilité résidentielle (dans toute l’Europe,

mais en France plus particulièrement, en raison de rigidités diverses,

culturelles et liées au marché du logement), s’accroît l’intérêt de fluidifier

les réallocations d’emploi entre secteurs au sein des bassins locaux,

notamment grâce à la formation professionnelle

95

.

L’action publique peut ainsi prendre en compte le territoire transfrontalier,

lorsque c’est pertinent en termes de postes de travail disponibles et

d’adéquation de la qualification de la main-d’œuvre disponible.

Ì

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Une étude récente d’INTERACT

96

s’est penchée sur les questions

de développement à long terme dans le domaine de l’intégration

du marché du travail européen, à travers deux territoires d’étude

transfrontaliers (Grande Région et frontière italo-slovène): les

programmes de coopération transfrontalière ont ainsi permis dans

ces territoires de développer des actions facilitant la mobilité des

travailleurs frontaliers, notamment en améliorant la capacité de lamain-

d’œuvre à se saisir d’opportunités de l’autre côté de la frontière, voire

de développer des structures de coopération spécifiques permettant

d’accroître l’intégration transfrontalière du marché du travail.

Flux et déplacements

professionnels

Les territoires transfrontaliers français se caractérisent par des flux

massifs de navetteurs sortants, qu’on estime à plus de 380 000

travailleurs, soit environ 40 % de l’ensemble des flux européens de

travailleurs frontaliers.

Ceux-ci se concentrent essentiellement dans les frontières du Nord et

de l’Est : 170 000 vers la Suisse, 82 000 vers le Luxembourg, 49 000

vers l’Allemagne, 39 000 vers la Belgique.

Ces chiffres ont fortement augmenté ces dernières décennies en raison

de la forte demande de main-d’œuvre générée par le boom économique

luxembourgeois et suisse à mettre en regard avec la dégradation

progressive du marché de l’emploi dans les zones frontalières françaises

(déclin de l’industrie, notamment textile, dans le Nord-Pas de Calais,

95

P. Veltz,

La grande transition

, Seuil, 2008

96

INTERACT,

Study on Labour Market Integration Across Borders,

février 2015,

http://www. interact-eu.net/news/study_on_labour_market_integration_across_borders/7/18230

de la sidérurgie en Lorraine, etc.) et d’une mobilité facilitée par la libre

circulation des personnes dans l’Union européenne.

Si travailler dans le pays voisin peut s’inscrire dans un choix contraint

par un taux de chômage élevé sur le marché de l’emploi domestique et

un besoin de main-d’œuvre de l’autre côté de la frontière, cette décision

peut également répondre à d’autres motivations, consistant en un calcul

de l’opportunité d’une migration pendulaire : un différentiel de salaire,

des prestations sociales avantageuses, une optimisation fiscale, des

coûts du foncier et de l’immobilier plus bas, etc.

La mobilité transfrontalière permet aussi aux employeurs

d’embaucher le personnel qui leur fait défaut sur le marché de

l’emploi national. Les populations locales peuvent trouver un emploi

sans avoir à déménager, ce qui contribue à faire baisser le taux de

chômage dans les espaces concernés.

Ì

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Aux frontières franco-suisse et franco-luxembourgeoise

, des

travailleurs viennent s’installer depuis d’autres régions françaises,

trouvant ainsi un emploi, sans pour autant avoir à gérer une

expatriation.

Les déplacements domicile-travail jouent un rôle décisif dans les

économies locales par les activités qu’ils induisent et les revenus qu’ils

génèrent, tout comme un maillage de transports publics transfrontalier

plus ou moins efficace entre les différents lieux de vie, de production,

de consommation et de loisirs (économie présentielle).

Le développement des infrastructures de transport,

la pertinence des services d’information et de conseil,

mais aussi les accords fiscaux et les rapprochements

juridiques entre pays, la connaissance de la langue

du voisin, etc. sont autant de données influant

sur la fluidité du marché de l’emploi (mobilité

professionnelle) et la constitution d’un véritable bassin

d’emploi transfrontalier.