Développement
économique
transfrontalier
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Thèmes transversaux du développement économique transfrontalier
Marché de l’emploi,
formation professionnelle,
apprentissage, qualifications
Face au constat d’une hausse des mobilités quotidiennes (déplacements
pendulaires) et d’une faible mobilité résidentielle (dans toute l’Europe,
mais en France plus particulièrement, en raison de rigidités diverses,
culturelles et liées au marché du logement), s’accroît l’intérêt de fluidifier
les réallocations d’emploi entre secteurs au sein des bassins locaux,
notamment grâce à la formation professionnelle
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.
L’action publique peut ainsi prendre en compte le territoire transfrontalier,
lorsque c’est pertinent en termes de postes de travail disponibles et
d’adéquation de la qualification de la main-d’œuvre disponible.
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Une étude récente d’INTERACT
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s’est penchée sur les questions
de développement à long terme dans le domaine de l’intégration
du marché du travail européen, à travers deux territoires d’étude
transfrontaliers (Grande Région et frontière italo-slovène): les
programmes de coopération transfrontalière ont ainsi permis dans
ces territoires de développer des actions facilitant la mobilité des
travailleurs frontaliers, notamment en améliorant la capacité de lamain-
d’œuvre à se saisir d’opportunités de l’autre côté de la frontière, voire
de développer des structures de coopération spécifiques permettant
d’accroître l’intégration transfrontalière du marché du travail.
Flux et déplacements
professionnels
Les territoires transfrontaliers français se caractérisent par des flux
massifs de navetteurs sortants, qu’on estime à plus de 380 000
travailleurs, soit environ 40 % de l’ensemble des flux européens de
travailleurs frontaliers.
Ceux-ci se concentrent essentiellement dans les frontières du Nord et
de l’Est : 170 000 vers la Suisse, 82 000 vers le Luxembourg, 49 000
vers l’Allemagne, 39 000 vers la Belgique.
Ces chiffres ont fortement augmenté ces dernières décennies en raison
de la forte demande de main-d’œuvre générée par le boom économique
luxembourgeois et suisse à mettre en regard avec la dégradation
progressive du marché de l’emploi dans les zones frontalières françaises
(déclin de l’industrie, notamment textile, dans le Nord-Pas de Calais,
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P. Veltz,
La grande transition
, Seuil, 2008
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INTERACT,
Study on Labour Market Integration Across Borders,
février 2015,
http://www. interact-eu.net/news/study_on_labour_market_integration_across_borders/7/18230de la sidérurgie en Lorraine, etc.) et d’une mobilité facilitée par la libre
circulation des personnes dans l’Union européenne.
Si travailler dans le pays voisin peut s’inscrire dans un choix contraint
par un taux de chômage élevé sur le marché de l’emploi domestique et
un besoin de main-d’œuvre de l’autre côté de la frontière, cette décision
peut également répondre à d’autres motivations, consistant en un calcul
de l’opportunité d’une migration pendulaire : un différentiel de salaire,
des prestations sociales avantageuses, une optimisation fiscale, des
coûts du foncier et de l’immobilier plus bas, etc.
La mobilité transfrontalière permet aussi aux employeurs
d’embaucher le personnel qui leur fait défaut sur le marché de
l’emploi national. Les populations locales peuvent trouver un emploi
sans avoir à déménager, ce qui contribue à faire baisser le taux de
chômage dans les espaces concernés.
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Aux frontières franco-suisse et franco-luxembourgeoise
, des
travailleurs viennent s’installer depuis d’autres régions françaises,
trouvant ainsi un emploi, sans pour autant avoir à gérer une
expatriation.
Les déplacements domicile-travail jouent un rôle décisif dans les
économies locales par les activités qu’ils induisent et les revenus qu’ils
génèrent, tout comme un maillage de transports publics transfrontalier
plus ou moins efficace entre les différents lieux de vie, de production,
de consommation et de loisirs (économie présentielle).
Le développement des infrastructures de transport,
la pertinence des services d’information et de conseil,
mais aussi les accords fiscaux et les rapprochements
juridiques entre pays, la connaissance de la langue
du voisin, etc. sont autant de données influant
sur la fluidité du marché de l’emploi (mobilité
professionnelle) et la constitution d’un véritable bassin
d’emploi transfrontalier.