Atlas de la coopération transfrontalière - page 15

1 - Le fait géographique transfrontalier
Les migrations de travailleurs frontaliers constituent l’élément géogra-
phique le plus tangible et le plus spectaculaire de la réalité transfrontaliè-
re. On considère qu’un travailleur est frontalier quand il passe l’essentiel
de son temps professionnel de l’autre côté de la frontière et que son salai-
re est essentiellement issu de cette activité.
Dans la plupart des cas, les données publiées ici concernent des per-
sonnes qui occupent un emploi à temps complet de l’autre côté de la
frontière. Une petite proportion concerne néanmoins des personnes qui
réalisent l’essentiel de leur activité de l’autre côté de la frontière mais ne
sont pas salariés permanents d’un employeur étranger (exemple des
métiers du bâtiment ou de la médecine libérale sur la frontière franco-ita-
lienne).
En 2005, on estimait à au moins 300 000 le nombre de personnes rési-
dant en France qui franchissent chaque jour la frontière pour aller tra-
vailler dans les pays voisins. On utilise dans ce commentaire dans la plu-
part des cas le terme « résidents en France » et non pas « résidants fran-
çais » car sur les frontières belges, allemandes et suisses, un nombre
appréciable de ressortissants de ces pays sont installés en France même
s’ils continuent à travailler dans leur propre pays. Correspondant parfois à
un tiers des travailleurs frontaliers d’une zone d’emploi (Allemands en
nord-Alsace, Suisses dans le Genevois français), ils sont dans leur majori-
té comptabilisés dans les flux.
Ce chiffre qui date majoritairement de 2005 est en fait une estimation
dans la mesure où ces flux sont très volatils, très dépendants de la
conjoncture économique des pays voisins, en évolution permanente.
Cette estimation globale repose sur des différentes statistiques nationales,
qui ne datent pas toutes de la même année, les plus récentes (2007)
concernant la Suisse, les plus anciennes (1999 et 2001) concernant les
flux franco-espagnols.
Enfin, ce chiffre constitue un minima : l’évolution du nombre de tra-
vailleurs frontaliers à destination des pays voisins et résidants en France
étant globalement en hausse sensible et permanente (près de 30% en
moyenne depuis 1999, avec 234 000 travailleurs frontaliers sortants à
cette date). Notons que ce taux moyen cache en fait de fortes disparités,
certains pays comme le Luxembourg ayant connu une croissance de plus
de 60 % dans l’accueil des frontaliers résidant en France, d’autres comme
l’Allemagne en ont perdu près de 8% par rapport à 1999.
En direction de la France, environ 11 000 résidents voisins européens
viennent quotidiennement pour y exercer une activité professionnelle,
chiffre stable par rapport à 1999.
La balance des migrations est donc extrêmement déséquilibrée. On
constate d’ailleurs une évolution sur les 40 dernières années qui renforce
le travail frontalier hors de France et la raréfaction de ceux qui viennent
dans notre pays pour y occuper un emploi. Le phénomène est particuliè-
rement net sur la frontière franco-belge où, il y a encore une vingtaine
d’années, le nombre de Belges était très supérieur au nombre de Français
se rendant dans le pays voisin pour travailler alors qu’ils sont aujourd’hui
5 fois moins nombreux que les Français se rendant en Belgique.
Cette évolution est un indicateur de l’évolution du dynamisme de l’é-
conomie française par rapport à celles de nos partenaires et voisins euro-
péens et dans une moindre mesure, de l’attractivité résidentielle du terri-
toire français.
Les pays qui accueillent le plus grand nombre de travailleurs résidant
en France sont la Suisse, le Luxembourg, passant désormais au 2ème rang
devant l’Allemagne. Ces pays de destination le sont d’ailleurs depuis les
premières décennies de l’après-guerre.
La
Suisse
est le premier pays d’accueil ; au moins 134 000 frontaliers
venant de France y viennent quotidiennement travailler (98 000 en 1999)
: les deux principaux corridors d’entrée étant situés entre l’Alsace et le
nord-ouest suisse (Bâle, Soleure, Argovie…) avec 35 000 personnes et
entre l’Ain, la Haute Savoie et Genève (75 000 personnes, dont 10000
Suisses ou binationaux et 8000 fonctionnaires internationaux). Une migra-
tion plus diffuse mais néanmoins considérable (au moins 15 000 person-
nes) s’effectue à travers le massif jurassien vers les cantons helvétiques
limitrophes. Enfin et dans une moindre mesure, on enregistre 900 tra-
vailleurs frontaliers en provenance de la Haute-Savoie vers le canton du
Valais. Les flux de Suisses (environ 100 personnes seulement) en direction
de la France se concentrent principalement vers le Haut-Rhin. Il est inté-
ressant de noter que l’évolution est contrastée entre les différents can-
tons suisses : si les flux vers Genève ont augmenté de plus de 30 % en 5
ans, ils ont baissé depuis 2002 vers les cantons alémaniques (mutation de
l’économie bâloise vers une économie de la connaissance).
Plus de 60 000 personnes se dirigent chaque jour vers le
Luxembourg
(37 000 en 1999 soit une hausse de 62%), en provenan-
ce de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle.
L’
Allemagne
accueille 56 300 travailleurs frontaliers (61 000 en
1999). Ce chiffre connaît une baisse sensible (- 7,7%) depuis le début
de la décennie, à relier aux difficultés rencontrées par la conjoncture
économique allemande. La principale destination est le Bade
Wurtemberg (30 200 frontaliers), la Sarre (21 000) et enfin la
Rhénanie-Palatinat (5 000). L’Allemagne envoie quant à elle 1 700 tra-
vailleurs vers la France.
La
Belgique
accueillait en 2003 environ 24 000 travailleurs frontaliers
en provenance de France (19 500 en 1999 soit une hausse de 24%); les
flux sont très diffus le long de la frontière : 4 800 vers la Flandre, 13 700
vers le Hainaut belge, le reste en provenance de Champagne et de
Lorraine à destination de l’est de la Wallonie. On compte dans le sens
inverse 5 350 résidants en Belgique venant quotidiennement travailler en
France (chiffre en baisse de 18% depuis 1999).
Les migrations de travailleurs entre la France et l’
Italie
se concentrent
quasi exclusivement sur le littoral méditerranéen. Environ 1 500 Italiens se
dirigent vers les Alpes Maritimes; on dénombre 450 résidants en France
dans le sens inverse. L’essentiel des flux de travailleurs frontaliers locaux
ont pour destination la
Principauté de Monaco
, principal pôle d’em-
ploi de la zone (en dehors de Nice), qui accueille les flux quotidiens d’au
moins 3500 Italiens et 28 000 Français. A cet égard, il est intéressant de
noter que pour 30 000 habitants (dont moins de 6 000 de nationalité
monégasque), la Principauté compte 38 000 emplois, essentiellement
occupés par des non résidants à Monaco.
Les flux de travailleurs entre la France et l’
Espagne
sont plus res-
treints. Du fait de l’obstacle pyrénéen, ils se concentrent majoritairement
sur les deux corridors littoraux : le principal lieu de passage (lié à la den-
sité urbaine) est la côte basque : 1 000 résidants en France viennent tra-
vailler en Espagne et 700 Espagnols viennent travailler dans les Pyrénées
Atlantiques (chiffre en forte baisse). Sur le littoral catalan, 1 200 Espagnols
viennent travailler dans les Pyrénées Orientales (moins de 300 dans le
sens inverse) mais ces chiffres n’ont pas été réactualisés depuis 2001.
La
Principauté d’Andorre
(à l’instar de Monaco) accueille égale-
ment des travailleurs mais dans des proportions plus réduites : 1 200
Espagnols et moins de 100 Français.
Enfin la
Grande Bretagne
accueillait en 1999 241 travailleurs fron-
taliers résidant dans le Nord-Pas-de-Calais. La faiblesse du chiffre est à
corréler à l’inadaptation actuelle et au coût élevé du franchissement quo-
tidien du détroit entre les deux pays en dépit d’une demande réelle.
Ces flux sont la plupart du temps générés par l’existence d’emplois sou-
vent mieux rémunérés qu’en France (ce qui est le cas au Luxembourg, en
Allemagne et en Suisse). Les différences de traitement sont parfois très
importantes (surtout entre la France et la Suisse, Monaco et le Luxembourg
où les salaires varient souvent du simple au double ou triple).
Les secteurs d’activités comme les catégories socioprofessionnelles cor-
respondant à ces emplois sont très variés. Un grand nombre d’emplois pro-
posés sont peu qualifiés (personnel d’entretien…) en particulier au
Luxembourg, en Allemagne et en Suisse mais le différentiel de salaires justi-
fie le déplacement. Des secteurs d’activités caractéristiques de certains pays
: secteur bancaire et des assurances en Suisse et au Luxembourg, chimique
et pharmaceutique à Bâle, organisations internationales à Genève emploient
également des contingents très importants de travailleurs frontaliers sur
toute l’échelle socio-professionnelle (de l’employé au directeur).
Ces flux de travailleurs frontaliers contribuent à l’émergence de vérita-
bles bassins d’emploi et de vie transfrontaliers, préfiguration d’une Europe
de plus en plus intégrée.
Briançon
Modane
Bourg
St.Maurice
Chamonix
Martigny
Aoste
Raron
Lille
Bruxelles
Anvers
Marseille
Lyon
Barcelona
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Gênes
Turin
Nantes
Bordeaux
Toulouse
Toulon
Nice
Grenoble
Zaragoza
Bilbao
Reims
Orléans
Rouen
LeHavre
Rennes
Tours
Angers
Dijon
Lens
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Gand
Brugge
Nancy
Montpellier
St-Etienne
Clermont-Ferrand
Mulhouse
Strasbourg
Kehl
Baden-Baden
Béthune
Amiens
Troyes
Caen
St-Nazaire
Poitiers
Dunkerque
Calais
Douai
Maubeuge
Namur
Thionville
Metz
Lorient
LaRochelle
Pau
Perpignan
Nîmes
Valence
Avignon
Chambéry
Limoges
Besançon
Genève
Montbéliard
Melun
Longwy
Annecy
LeMans
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Principauté
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année 2006
Résidants enFrance travaillant
àl'étranger
Résidants à l'étrangertravaillant
enFrance (ouMonaco etAndorre)
de100à 500
de 500 à1 000
de1000à 4500
de 4500 à 10 000
de 10 000 à20000
de20000à 35 000
plusde35 000
Nombrede frontaliers
Onentend par travailleur frontalier, lespersonnes
qui franchissentplusieurs fois par semaine
la frontière, pour rejoindre leur lie de travail.
©MOT-
aebk
-2007
Sources :
INSEE,ANPENice,EurèsPyréméd,EurèsEurazur,
EurèsSarlorlux,Conférence duRhinSupérieur
(France et sespartenaires frontaliers)
INAMI, IWEPS (Belgique)
StatistischeLandesämterSaarland etRheinland-Pfalz (Allemagne)
Bundesamt fürMigrationBFM (Suisse)
IDESCAT,EUSTAT,InstitutoNacional deEstadística (Espagne)
Departamentde treball, (Andorre)
Flux de travailleurs frontaliers
Les flux
1...,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14 16,17,18,19,20,21,22,23,24,25,...163
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