Background Image
Table of Contents Table of Contents
Previous Page  57 / 132 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 57 / 132 Next Page
Page Background

Développement

économique

transfrontalier

57

Thèmes transversaux du développement économique transfrontalier

De ce fait, il est important de garder à l’esprit que la compétitivité

et l’attractivité sont des notions relatives, évolutives, qu’il s’agit de

juger en contemplant le territoire transfrontalier dans sa globalité

territoriale, démographique, administrative, fiscale et réglementaire.

La tâche se révèle ainsi d’une grande complexité. D’autant que parler

de compétitivité revient à parler d’attractivité, une notion qui agrège

« indicateurs économiques objectifs et perception des investisseurs

étrangers à l’égard de la compétitivité de l’économie»

85

. Cette donnée

est à considérer lorsqu’on observe la situation des territoires frontaliers

français. Il serait en effet erroné d’appliquer une grille de lecture purement

économique et d’écarter tout facteur de proximité géographique,

historique, culturelle ou linguistique.

Ì

Ì

Les sociétés à capitaux allemands sont ainsi fortement présentes

en Moselle-Est et en Alsace

, de même que les entreprises

belges dans le

Nord-Pas de Calais

.

Ì

Ì

Cette irrigation des territoires frontaliers français par les entreprises

du pays voisin n’est toutefois pas nettement visible

dans les

zones limitrophes de l’Espagne et de l’Italie

.

La proximité n’est donc pas déterminante et l’effet frontière continue,

malgré les opportunités (fournisseurs, sous-traitants, clientèle, etc.) et

complémentarités existantes ou potentielles, à constituer une barrière

pour les PME.

Serait-il alors nécessaire de mettre en place des

systèmes de «zones

franches »

ou d’expérimentation aux frontières afin d’harmoniser,

sur un espace circonscrit, les conditions cadres et promouvoir un

développement équilibré pour les territoires transfrontaliers ? La question

divise. La mission Blanc Keller Sanchez Schmid

86

a préconisé en 2010

d’instaurer des zones économiques à statut spécifique. Cependant, de

tels dispositifs seraient difficilement envisageables tant en raison du

principe d’égalité des territoires, que de leur encadrement strict par la

Commission européenne (zones d’aides à finalité régionale).

Une solution serait en revanche de considérer les divergences de

part et d’autre des frontières comme des facteurs de circulation

et de flux entre ces territoires, des opportunités d’échange

entre entreprises locales et un gage d’attractivité du territoire

transfrontalier pour les capitaux étrangers, qui peuvent tirer parti des

avantages de chaque versant.

Ì

Ì

L’Alsace, dans sa stratégie « Alsace 2030 »

, imagine ainsi

la possibilité d’expérimenter

un

e « zone de convergence

réglementaire » pour favoriser l’intégration de l’espace du

Rhin Supérieur, grâce à un assouplissement des barrières

réglementaires.

Ì

Ì

Cette réflexion rejoint l’idée de zones économiques

transfrontalières intégrées

, avec un choix possible, pour les

entreprises (et pour le salarié qui les choisit) qui s’y implanteraient,

du droit de l’un ou l’autre côté de la frontière.

85

AFII, DG Trésor et CGET,

Tableau de bord de l’attractivité de la France

, Édition 2014, p.7

86

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Rapport_transfrontalier_synthese.pdf

En bref…

Les territoires frontaliers français présentent un problème

de compétitivité clairement établi vis-à-vis de leurs voisins,

principalement sur les frontières nord et est de l’Hexagone

(de Dunkerque à Genève), qui se traduit en termes de PIB par

habitant, de taux de chômage ou de captage d’Investissements

Directs à l’Étranger (IDE). Les entreprises mettent

principalement en avant, au-delà des différences fiscales

et sociales (coût du travail), l’instabilité normative dans ces

domaines. Toutefois, ce problème de compétitivité est relativisé

par certaines dispositions avantageant les territoires français,

dont le crédit d’impôt recherche ou le statut de Jeune entreprise

innovante. De plus, si les réformes en cours participent à

l’instabilité normative, celles-ci sont néanmoins orientées vers

un effort de simplification. Enfin, en transfrontalier, il reste

extrêmement complexe d’apprécier la réelle compétitivité des

territoires français face à leurs voisins, celle-ci étant nuancée

par les propres conditions cadres du voisin, le secteur d’activité

(plus ou moins règlementé, concurrentiel, mondialisé, etc.) et la

stratégie propre de développement de l’entreprise.