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Développement

économique

transfrontalier

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Portraits de territoires : le développement économique par frontière

De la France vers la Suisse, le franchissement de la frontière est souvent

motivé (pour les PME notamment) par la simplicité et la stabilité des règles

administratives, sociales et fiscales en Suisse (le niveau de simplicité

est largement privilégié, avant le poids des charges sociales

37

), face

à des règles instables (changeant fréquemment) en France. Les plus

petites entreprises ont plus tendance à s’installer totalement en Suisse,

alors que d’autres plus importantes conservent une bilocalisation.

Enfin, l’image de la Suisse se vend mieux à l’international que celle

de la France pour une entreprise, qui en s’installant à Genève reste

également à une heure de Lyon.

Marché de l’emploi

Sur le versant français, le taux de chômage était compris entre 6,9

(Ain) et 11,3 % (Territoire de Belfort) fin 2013. Versant Suisse, le taux

de chômage était compris entre 3,3 (Valais) et 5,5 % (Genève)

38

. La

zone frontalière française possède un taux de chômage plus bas que la

moyenne nationale, voire régionale. Côté suisse, le taux de chômage est

souvent considéré comme préoccupant, comparativement à la moyenne

nationale (2,9 % en juin 2014), notamment dans les cantons de Genève

et de Neuchâtel (plus forts taux de chômage en Suisse). Politiquement,

des tensions existent donc face à des travailleurs frontaliers (près de

150 000 en provenance de France en 2014) qui peuvent parfois accepter

des salaires plus bas. Les Français pallient toutefois le manque de

main-d’œuvre qualifiée suisse, c’est pourquoi les entreprises craignent

les orientations devant être prises suite à la votation du 9 février 2014,

suite à laquelle une limitation de la libre circulation devrait être instaurée.

En matière de formation, il existe peu de coopération transfrontalière

(quelques coopérations dans le supérieur), en dépit de nombreux projets,

notamment dans l’Arc jurassien. Parfois, un sentiment de former des

travailleurs pour la Suisse peut exister pour les entreprises, rendant

difficile une coopération plus poussée. L’apprentissage transfrontalier

n’existe pas, côté genevois les obstacles administratifs avaient été levés,

mais sans candidat à ce parcours. L’orientation prise est donc plutôt

de faciliter la mobilité professionnelle en transfrontalier, en travaillant en

commun sur la validation des acquis de l’expérience et l’équivalence

des diplômes.

37

600 chefs d’entreprises interrogés dans le cadre de l’étude d’EUREX:

Avantages comparés

pour l’implantation d’activités économiques en France et en Suisse

(Genève/Vaud), op.cit.

38

SECO, juin 2014.

Acteurs de la gouvernance

économique transfrontalière

L’action publique en matière économique est marquée par une plus

forte implication côté français, où les indicateurs de conjoncture sont

aussi plus mauvais. Côté suisse, la bonne marche de l’économie et un

libéralisme traditionnellement plus marqué laisse des acteurs publics plus

en retrait. La coopération transfrontalière en matière de développement

économique doit donc faire la synthèse entre deux modes d’intervention

différents, rendant peu aisé le travail en commun.

Dans l’Arc jurassien et le Grand Genève, les instances de coopération

transfrontalière (la Conférence TransJurassienne et le GLCT du

Grand Genève) conduisent des actions de concertation entre acteurs

économiques, via des groupes ou cellules de travail.

Ì

Ì

Pour le Grand Genève

, les actions de promotion commune se

sont arrêtées (promotion commune au MIPIM), les résultats étant

insuffisants au regard des efforts consentis, mais les partenaires

essaient de trouver une formule de coopération plus efficace, ce

qui est difficile du fait de la concurrence vécue entre les deux

territoires nationaux. Une cellule commune de concertation en

matière de développement économique existe au sein du GLCT,

mais elle se réunit peu et ne parvient pas à trouver des intérêts

communs.

Ì

Ì

Dans l’Arc jurassien

, la plus grande spécificité microtechnique

laisse espérer une progression des partenariats entre entreprises,

incluant des universités, grâce à une animation plus forte et à une

mise en réseau des entreprises. Un projet comme INNOVARC

est intéressant sur ce point.

Les acteurs consulaires, dont les structures ne sont pas comparables

(pas de financement obligatoire ni de mission de service public en

Suisse), n’ont pas d’habitude de travail en commun, à l’exception de

l’ULAM (Union Lémanique de l’Artisanat et des Métiers), qui fédère les

chambres de métiers et de l’artisanat (CMA) des deux départements

français et leurs équivalents dans les cantons de Genève, Vaud et Valais

et propose une information complète sur le travail et la formation des

deux côtés de la frontière.

Le programme INTERREG France-Suisse a financé de nombreux projets

de développement économique entre 2007 et 2013 et il continuera de

soutenir ce domaine dans la période 2014-2020.