Développement
économique
transfrontalier
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Préambule
Dans cette hypothèse, le développement économique territorial doit
faire l’objet d’un traitement transfrontalier :
en simplifiant, il s’agit de penser le développement économique
sur un territoire partagé entre deux États, nécessitant une
coordination des acteurs du développement économique, publics
et privés, dans deux systèmes juridiques, administratifs, fiscaux
différents.
Opportunités économiques
transfrontalières
Dans le contexte transfrontalier, les différentiels de fiscalité, de salaires,
de taux de chômage, de prix, la diversité linguistique, administrative,
culturelle,… sont autant d’opportunités ou de contraintes, selon l’angle
considéré.
Ménages et entreprises tirent profit de ces différentiels dans leur choix
d’implantation et de recours aux marchés (consommation, immobilier,
travail,…). La maîtrise par la population ou par les entreprises de deux
langues, de deux cultures, de deux environnements administratifs,…
constitue un atout pour ouvrir leur horizon, non seulement au territoire
transfrontalier, mais de façon plus large à l’ensemble des pays concernés,
voire au niveau européen ou global.
Les entreprises, comme les territoires sont en concurrence, au sein
même des espaces nationaux et encore plus en contexte transfrontalier.
Les autorités publiques, quant à elles, agissent le plus souvent dans un
cadre national, dans leurs démarches de développement économique.
Mais en participant à l’espace européen (Union européenne, ou États
tiers ayant des accords avec elle), les États ont choisi de coopérer.
Dans les territoires transfrontaliers, l’enjeu est
d’exploiter conjointement le capital territorial commun.
Les acteurs publics et privés se trouvent donc dans un jeu complexe
entre concurrence et coopération de part et d’autre de la frontière.
Considérer un territoire comme transfrontalier, c’est l’occasion de profiter
des avantages présents des deux côtés de la frontière pour en faciliter le
développement économique; souvent perçue comme périphérique dans
un contexte national, une zone frontalière qui devient partie intégrante
d’un territoire transfrontalier peut promouvoir les avantages des deux
parties nationales. À l’intérieur se développe ce phénomène de « co-
opétition», alliance des mots coopération et compétition, utilisé pour
indiquer que la concurrence existe toujours, mais que de nouvelles
synergies peuvent être trouvées par la coopération, au bénéfice du
développement de l’ensemble du territoire transfrontalier.
Deux logiques pour coopérer :
la complémentarité et
l’économie d’échelle
8
Quand deux ou trois systèmes correspondant à
autant d’États se rencontrent sur une frontière, il y
a la possibilité pour les entreprises de faire jouer la
complémentarité, et de « prendre ce qui est le mieux »
dans chaque système national.
Ce qui semble à première vue être une difficulté constitue aussi une
opportunité : les entreprises peuvent tirer profit des différences en
choisissant le système adapté à leur besoin (une entreprise localise ses
fonctions tertiaires d’un côté de la frontière et ses fonctions logistiques
de l’autre côté), ou encore en exploitant le potentiel multiculturel ou
multilingue du territoire ; il en est de même pour les ménages, qui
peuvent jouer comme consommateurs sur les deux tableaux en termes
de résidence, de travail, de consommation.
8
Ou pour parler comme le géographe Jacques Levy: l’urbanité comme combinaison de la
diversité et de la densité; voir J.Levy et M.Lussault,
Dictionnaire de la géographie et de
l’espace des sociétés
, Belin, 2003.
Haut-Rhin
Bâle
BADE-WURTEMBERG
SUISSE
Nombrede travailleurs frontaliers
29862
22 400
395
600
1900
38 194
Bas-Rhin
ALSACE
BS+BL+AG+SO
ALLEMAGNE
FRANCE
Source : IBFA,BFS,CNAM2012
BS :BâleVille
BL :BâleCampagne
AG :Argovie
SO :Soleure
100 km
FRANCE
HAMPSHIRE
ISLEOFWIGHT
Manche
WALLONIE
ARC MANCHE
BELGIQUE
ALLEMAGNE
RHÉNANIE-
PALATINAT
SARRE
Communauté
germanophone
deBelgique
Bruxelles
50 km
Mer du Nord
LORRAINE
LUXEMBOURG
Luxembourg
Nombrede travailleurs frontaliers
75 399
35 590
29 496
8 140
17 682
5 320
4 627
3 497
Source : IGSS,BA, INAMI,CNAMTS, INSEE 2013
Les flux domicile-travail sur l’agglomération transfrontalière de Bâle
Les flux domicile-travail - Frontières du Luxembourg