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Interview à la Une : Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur

Décembre 2023

Interview à la Une : Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d’Azur

Suite à la mise en place du Comité de coopération frontalière franco-italien, et au lancement du projet "Observ’Alp" qui réunit de nombreux acteurs entre la France, Italie et Monaco, Christian Estrosi répond à nos questions sur les grands défis transfrontaliers de la Métropole avec ses voisins frontaliers.

Quels sont les enjeux transfrontaliers autour de la Métropole ?


"Nice Côte d’Azur est une métropole à statut frontalier. Le conseil métropolitain a adopté en 2019 son "Schéma de Coopération Transfrontalière 2020-2030", accueilli avec enthousiasme par les interlocuteurs italiens, monégasques et français. J’ai voulu que ce document stratégique réponde aux principaux enjeux transfrontaliers de notre territoire :

  • Améliorer les conditions de vie et de travail des frontaliers de la zone littorale franco-italo-monégasque : qualité de l’air, circulation, accès aux services publics… ;
  • Répondre aux problématiques de la zone de montagne transfrontalière touchée en 2021 par la tempête Alex : préserver la zone naturelle protégée, armer les territoires face aux aléas climatiques, tout en soutenant les activités économiques et durables de montagne pour maintenir des services publics éducatifs, de transport, de soins …

Entre la Principauté et les trois métropoles de la zone Nice, Gênes et Turin les enjeux sont encore différents : il s’agit de mettre en place une collaboration entre chercheurs, grandes entreprises et start-ups pour développer des filières transfrontalières autour de pôles économiques : l’intelligence artificielle, l’aérospatiale, le nautisme, le biomédical…  Enfin, notre territoire étant au cœur de la Méditerranée et au pied des Alpes, nous travaillons avec les régions, les Etats et les institutions européennes pour mettre en place un dispositif innovant permettant de dépasser les possibles difficultés juridiques et réglementaires aux frontières ("ECBM 2.0" porté par la commission européenne). Nos objectifs sont aussi de développer les grands projets de politiques publiques d’aménagement et de transport sur les axes Marseille-Gênes et Nice-Turin, d’améliorer notre connaissance statistique et cartographique des territoires et accélérer la mise en place d’une nouvelle gouvernance franco-italienne grâce au Comité de Coopération Frontalière institué par le traité du Quirinal."

Vous avez récemment évoqué une "EuroAlliance", nouée avec les territoires italiens voisins. Quels sont ses objectifs et les autres actualités transfrontalières ?

                                   
"Je souhaite, en concertation avec le maire-président de la Province d’Imperia, Claudio Scajola, la Ville et la Province de Cuneo dans le Piémont, ainsi que la Communauté d’Agglomération de la Riviera Française, créer un espace de gouvernance commun pour les Alpes du Sud. Il s’agira d’un groupe de travail qui pourra s’élargir à la Principauté de Monaco ainsi qu’aux Métropoles de Gênes et de Turin.  Celui-ci permettra aux élus locaux de proposer des solutions communes en dépassant les problématiques de frontière. Par exemple pour faciliter des déplacements, ou donner un meilleur accès aux services publics.

Depuis mai 2023, j’ai rencontré les différents dirigeants politiques italiens voisins comme le président de la région Ligurie Giovanni Toti, le maire de Gênes Marco Bucci, le maire-président de la Province d’Imperia Claudio Scajola, la maire de Cuneo Patrizia Manassera et le président de la Province de Cuneo Luca Robaldo, afin de créer une dynamique politique commune. Mais aussi le nouveau maire de Vintimille Flavio di Muro, avec une première rencontre qui a permis d’évoquer les sujets de mobilité entre nos deux villes. J’ai signé un Pacte de coopération avec la Métropole de Turin, tandis que celui avec Gênes est en cours de finalisation.

Lors de la première réunion du Comité de Coopération Frontalière du traité du Quirinal qui s’est tenue le 31 octobre dernier, en présence de Catherine Colonna, ministre française de l'Europe et des Affaires étrangères et de Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères, Magali Altounian, élue en charge des Affaires Européennes à la Ville de Nice et à la Métropole Nice Côte d’Azur et Laurence Navalesi, conseillère municipale subdéléguée aux Relations transfrontalières ont proposé de créer et d’accueillir à Nice un secrétariat permanent du Comité avec l’aide de la Région Provence Alpes Côte d’Azur. Nous avions également proposé d’accueillir la prochaine réunion du comité au printemps 2024 à Nice.

Pour parler des actions plus concrètes, nous pouvons évoquer le lancement du service civique transfrontalier qui va nous permettre d’accueillir à Nice des jeunes italiens et de donner la chance à de jeunes niçois de découvrir les institutions italiennes, le lancement des itinéraires touristiques transfrontaliers des Routes du Sel depuis la côte jusqu’à Turin, les échanges de classes entre Nice, Monaco et San Remo autour du sanctuaire Pelagos….

Sans oublier l’appel à projet pour les stratégies transfrontalières "PITER – Plan Intégré Territorial" du programme Interreg Alcotra qui vient d’être lancé et pour lequel la Métropole travaille sur deux axes de la stratégie transfrontalière : l’échelle de montagne et l’échelle de vie littorale avec les partenaires italiens pour déposer un projet et obtenir les fonds européens nécessaires pour améliorer les conditions de vie et de travail sur le territoire."

                                                                                           

Quelles sont vos priorités dans le cadre d’Interreg 2021-2027 ? Qu'attendez-vous du projet Observ’Alp qui vient d'être lancé ?

 
"Le projet Observ’Alp représente une vraie avancée, car malheureusement il n’existe pas de système de données géographique partagé sur notre frontière, ce qui veut dire que nous ne disposons pas de cartes communes précises de notre territoire ! Observ’Alp va permettre aux acteurs des départements frontaliers de la Région Sud, du Piémont, de la Ligurie et de la Principauté de Monaco de bénéficier pour la première fois des données partagées économiques, environnementales, sociales statistiques, urbaines et cartographiques. Cela facilitera la gouvernance, la prise de décisions techniques et politiques et la lisibilité des futurs projets qui seront initiés. Il s’agit d’un premier projet pour lequel nous avons fait le choix de nous concentrer d’abord sur les axes "environnement" et "emploi". Grâce à Observ’Alp peut être pourrons-nous annoncer dans quelques mois le nombre de demandeurs d’emplois dans la zone transfrontalière, quels métiers sont en tension… Ce genre de données permettra d’aider les décideurs dans la résolution de problèmes.

Enfin, les objectifs de la stratégie territoriale ALPIMED+, sur la zone montagne, en continuité du projet mené en 2014-2020 se déclinent en trois objectifs :

  • Renforcer les activités économiques transfrontalières à travers des produits touristiques durables comme les Routes du Sel, à destination des locaux et des visiteurs.
  • Etudier les phénomènes climatiques de manière transfrontalière et proposer ensemble des solutions de prévention des risques et de lutte contre le changement climatique.
  • Co-construire les actions avec les citoyens et opérateurs économiques, ainsi que les campagnes de communication pour un impact plus fort sur le territoire et renforcer le sentiment d’appartenance à un bassin de vie transfrontalier."


Lire l'article : "Lancement du projet Observ’Alp : vers le premier système d'observation transfrontalière entre la France, l'Italie et Monaco ?"



Photo : iStock / Pierre Banoori



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