Dossier spécial sur les élections européennes

EDITORIAL
L'enjeu clé de la coopération transfrontalière

Par Philip Cordery, Député des Français du Benelux, Président du Groupe d'études Zones et travailleurs frontaliers à l'Assemblée nationale
Par Philip Cordery, Député des Français du Benelux, Président du Groupe d'études "Zones et travailleurs frontaliers" à l'Assemblée nationale

« Les régions frontalières françaises disposent d’atouts remarquables. Ces zones de par leur proximité et leur interconnexion avec les régions frontalières d’Etats voisins mettent en œuvre des politiques publiques innovantes prenant en compte l’intégration avec leurs voisines. L’action des élus locaux et des GECT en matière de coopération transfrontalière est exemplaire, et je tiens à saluer leur détermination.

Pour favoriser cette coopération, nous devons agir au niveau national et européen.

D’abord au niveau de la France, les régions transfrontalières représentent 20% du territoire et plus de dix millions de nos concitoyens. Le groupe d’études de l’Assemblée nationale, dont je me suis vu confier la présidence, constitué d’une quarantaine de députés élus de toutes les zones frontalières françaises, travaille avec les acteurs de terrain et les partenaires nationaux dont la MOT. Son objectif est d’échanger sur les expériences locales et de rechercher des solutions législatives à la coopération transfrontalière afin que celle-ci intègre les grandes politiques publiques nationales que nous votons à l’Assemblée nationale.

Je suis déterminé à améliorer la législation française pour favoriser et simplifier la coopération transfrontalière. Par exemple, grâce à un amendement d’initiative parlementaire, désormais la Banque Publique d’Investissement pourra proposer des stratégies intégrées transfrontalières pour favoriser le développement économique de ces régions. En matière d’enseignement supérieur, la recherche de partenariat avec des universités transfrontalières est aussi devenue une priorité grâce à un amendement que nous avons fait voter.

Le prochain grand défi pour favoriser la coopération transfrontalière sera la future loi sur la décentralisation. Les grands schémas régionaux que devrait instaurer cette future loi devront prendre en compte cette dimension transfrontalière. Pour encourager le développement des bassins de vie transfrontaliers les collectivités territoriales ou les groupements de collectivités doivent pouvoir construire de stratégies intégrées avec les collectivités de l’autre côté de la frontière.

Au niveau européen, les zones transfrontalières représentent des laboratoires d’Europe, ce sont dans ces zones que l’Europe se vit au quotidien. Elles sont les exemples d’une Europe qui s’intègre. L’Union européenne se doit d’accompagner davantage la coopération transfrontalière en favorisant la mobilité (portabilité des droits sociaux, reconnaissance des diplômes et des qualifications professionnelles…) et en facilitant la gouvernance territoriale de ces régions. Je formule donc le vœu que le futur Parlement européen fasse de la coopération transfrontalière une priorité. »