France-Italie-Monaco

Frontière France-Italie-Monaco

Frontière France-Italie-Monaco

Les domaines de coopération

La coopération entre espaces naturels

La frontière franco-italienne concentre un grand nombre d’espaces naturels protégés qui coopèrent ensemble sur un mode transfrontalier. Cette coopération se répartit essentiellement le long de la partie alpine de la frontière mais comporte également un volet maritime entre la Corse et la Sardaigne. Elle concerne du côté français deux parcs nationaux, un parc naturel régional, une réserve naturelle marine et l’Espace Mont Blanc.
Un site de la coopération franco-italienne entre espaces naturels protégés, particulièrement original car littoral et maritime, réunit la Réserve Naturelle Maritime des Bouches de Bonifacio en Corse (créée en 1999, département de Corse du sud) et le Parc National de l’Archipel de la Maddalena (créé en 1992, Sardaigne) à l’extrémité nord de la Sardaigne, qui forment ensemble le Parc marin international des Bouches de Bonifacio. Le 7 décembre 2012, ce site s’est constitué sous la forme d’un Groupement européen de coopération territoriale, premier du genre en Europe pour un parc marin international transfrontalier.
Autre site de coopération avancée : l'Espace Mont-Blanc entre la France, la Suisse et Italie, espace qui se présente comme un véritable laboratoire alpin transfrontalier.
Le Parc national de la Vanoise (créé en 1963, département de la Savoie) et le Parc national du Grand Paradis (créé en 1922 dans le Piémont) mènent également une coopération active. Le diplôme européen des espaces protégés, attribué par le Conseil de l’Europe, leur octroie une dimension internationale. Au sud de la frontière, le PNR du Queyras (département des Hautes Alpes) a approfondi son partenariat transfrontalier et entretient des relations de coopération avec quatre parcs naturels côté italien (Piémont) du massif du Mont Viso. Ils ont porté une candidature transfrontalière à l’UNESCO, qui leur a accordé en 2013 le label Réserve de biosphère transfrontalière du Mont Viso. Les Parcs nationaux du Mercantour (1979) et Alpi Maritime suivent une démarche de coopération transfrontalière similaire, avec un dossier de candidature sur la liste du patrimoine mondial déposé en 2018. 

La coopération en matière de développement durable et d’espaces maritimes

Interface entre les îles et le continent, la Méditerranée et son pourtour constituent une zone d’intense activité transfrontalière. L’accord RAMOGE (Saint Raphaël – Monaco – Gênes) vise dans une perspective de développement durable à fournir les moyens nécessaires pour des actions en faveur d’une gestion durable et intégrée du littoral. La zone a été progressivement élargie et s’étend désormais de l’embouchure du Grand Rhône à l’Ouest à l’embouchure de la rivière Magra à l’Est. La coopération existe également entre la Sardaigne et la Corse afin de remédier aux problèmes territoriaux et économiques des territoires. Autre exemple, le projet BlueConnect, initié en 2017, qui vise à répertorier et cartographier les activités portuaires de six territoires transfrontaliers (Alpes Maritimes, Var, Corse, Ligurie, Toscane, Sardaigne) pour identifier des axes de développement et faciliter l’accès des TPE-PME aux marchés du secteur. 

La coopération en matière d’emploi et de développement économique

La coopération transfrontalière en matière d’emploi et de développement économique vise à une gestion intégrée de l’emploi et à une meilleure compétitivité des territoires transfrontaliers. Sur la frontière, le développement économique s’appuie sur une démarche locale. Il existe par exemple depuis 2009 un réseau des chambres de commerce (CCI ALP-MED). Actuellement sous la forme d’une association sans but lucratif (ASBL) de droit belge, ce réseau regroupe les sept CCI régionales françaises et italiennes qui coordonnent 36 CCI territoriales pour un territoire de 124 000 km².
Citons le projet FRI-START, clôturé en 2019, qui vise à favoriser la mise en réseau des structures d’incubation et d’accélération d’innovation pour les entreprises du territoire transfrontalier. Le développement d’un catalogue transfrontalier de services d’aide aux entreprises innovantes a ainsi permis de faire le lien entre les start-up des secteurs scientifiques, économiques et industriels. Côté méditerranéen, le projet Marittimo Tech vise pour sa part à développer un “accélérateur transfrontalier de startups” en réunissant les Chambre de Commerce et D’industrie de Corse-Du-Sud, de Sardaigne du Nord, du Var, et de La Maremma et du Tirreno. Cet accélérateur offre à la zone de coopération un maillage transfrontalier des expertises et spécialités permettant la création d’un véritable réseau de soutien d’entrepreneurs.

La coopération touristique et culturelle

Le tourisme et la culture sont également considérés comme des vecteurs importants du développement local. En témoigne le projet “Vi.A.”, qui vise à valoriser les parcours œnotouristique transfrontaliers des deux côtés des Alpes occidentales. Autre exemple, le projet TRA[ce]S, qui a pour objectif de mettre en réseau les sites archéologiques les plus significatifs des Alpes du Sud, de l’Antiquité au Moyen-Âge. Depuis le lancement des PITER (programmation ALCOTRA 2014-2020) le territoire alpin bénéficie de nombreux projets transfrontaliers axé sur la culture et le tourisme innovant. Ainsi le  PITER "Parcours - Un patrimoine, une identité, des parcours partagés", lancé en 2018, vise à valoriser le patrimoine naturel et culturel des versants français, italien et suisse du Mont-Blanc en mettant en place différents parcours naturels, culturels, touristiques et civiques transfrontaliers. Citons également le PITER “ALPIMED”, dont l’axe “ALPIMED PATRIM” propose de faire émerger les Alpes-Méditerranée comme destination touristique en misant sur ses atouts patrimoniaux et sa situation géographique entre mer et montagne. Le projet vise à faire connaître le territoire et à le commercialiser en tant que destination afin de renforcer sa notoriété à l'échelle européenne et d'augmenter les flux écotouristiques.

La coopération en matière de prévention des risques

L’espace transfrontalier, situé entre la mer et la montagne, présente de nombreuses zones à risques. Les collectivités italiennes et françaises se sont employées ces dernières années à coopérer afin de réduire et prévenir les catastrophes environnementales. Parmi les projets au sein de l’espace alpin transfrontalier figure le PITEM Risk, lancé en 2018. Il se compose de cinq projets simples visant à développer de nouveaux outils interactifs de communication (alerte et information) pour améliorer la gestion des risques et la formation opérationnelle des acteurs. Autre exemple, le projet Proterina 3, lancé en 2017, qui vise à protéger le territoire transfrontalier des risques naturels liés aux inondation. Citons également dans l’espace maritime transfrontalier le projet MAREGOT, lancé en 2017, qui a pour objectif de prévenir et gérer les risques provenant de l’érosion côtière sur le littoral franco-italien.

LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE TRANSPORTS

La topographie montagneuse de la frontière terrestre franco-italienne présente un obstacle naturel au développement des transports transfrontaliers. Bien que l’automobile demeure le moyen de transport privilégié pour les déplacements transfrontaliers, le territoire est bien équipé en infrastructures de transports.
Trois lignes de train assurent aujourd’hui la liaison ferroviaire entre la France et l’Italie : la ligne de TER Cannes-Nice-Vintimille, la ligne de TER Nice-Cuneo, et la Ligne THELLO, qui assure la liaison Marseille-Milan via Nice et Vintimille. Aucune ligne à grande vitesse ne traverse à ce jour la frontière. La Métropole Nice Côte d’Azur n’est pas encore reliée au réseau ferré à grande vitesse, bien que le gouvernement français ait donné son feu vert en septembre 2018 à la réalisation de la ligne nouvelle Provence Côte d’Azur, sans préciser toutefois le calendrier de son ouverture. Plus au nord, le projet de ligne grande vitesse Lyon-Turin, datant de 1991, a vu un début effectif des travaux préparatoires en 2002 et le début du creusement du tunnel en juillet 2016. Sa mise en service demeure incertaine, en raison d’obstacles politiques et administratifs des deux côtés de la frontière.
L’existence de plusieurs tunnels transfrontaliers dans les Alpes ont permis le développement du transport routier entre la France et l’Italie. Ainsi, les tunnels du Fréjus, du Mont-Blanc et du col de Tende représentent autant de points de passage pour les voitures et les poids lourds. Cependant le coût élevé de ces trajets a progressivement déplacé le trafic des Alpes vers la riviera. Face à l’encombrement des voies de transport terrestres, les regards se tournent progressivement vers l’espace maritime franco-italien. Le développement d’une autoroute de la mer ("merroutage") entre Nice et Gênes a ainsi présenté comme une solution à l’encombrement du trafic international des poids lourds sur l'A8, qui lie Vintimille à Nice.
La coopération transfrontalière en matière de transport maritime connaît des avancées significatives au travers de réalisations concrètes. Citons le projet “GEECCTT-ILES”, lancé en 2017, qui a pour objectif la création d’un GECT permettant la gestion conjointe des services de transports transfrontaliers (aérien, maritime, multimodal, etc.) et des connexions inter-insulaires entre la Corse et la Sardaigne et l’île d’Elbe.

LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE SANTÉ

Dans le domaine de la santé, la coopération transfrontalière s’incarne premièrement dans les établissements couvrants les besoins de sanitaires des deux côtés de la frontière. En février 2002, le centre hospitalier de Menton et l’Agence sanitaire locale d’Imperia ont signé une convention de coopération transfrontalière instituant une « communauté de santé transfrontalière » Menton Vintimille. Cette convention de coopération a également amené à la création de deux instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) transfrontaliers, inaugurés en décembre 2012 à Menton et à Imperia, et d’un centre de périnatalité de proximité transfrontalière (CPP) au Centre Hospitalier La Palmosa en 2016.
La coopération dans le domaine sanitaire s’illustre également par la mise en œuvre de projets transfrontaliers. Le projet “PROSANTÉ”, lancé en 2017, vise à créer un réseau sanitaire transfrontalier entre les hôpitaux de Briançon et Suse afin de faciliter l’accès aux soins pour les patients des deux côtés de la frontière. Citons également l’axe "Cœur Solidaire" du PITER "Cœur’Alp", lancé en 2018, qui vise à garantir aux communautés des Hautes Vallées l'accès à des services sociaux et sanitaires de qualité, dans une région souffrant d’isolement et de dépeuplement.

LA COOPÉRATION DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Des actions de coopération transfrontalière existent également dans le domaine de l’éducation. L’Académie de Nice et l'Ufficio scolastico regionale, équivalent du rectorat pour la Ligurie, ont ainsi signé en 2015 un accord visant à renforcer les actions de coopération transfrontalière éducative entre les établissements scolaires de niveau primaire, secondaire et d'enseignement professionnel. Cette coopération passe notamment par l’apprentissage de la langue du voisin. Dans l’Académie de Nice, la part d’élèves apprenant l'italien dans les collèges et lycées publics s’élève à 23,1 %. Malgré l’absence de données concernant l’apprentissage du français dans les écoles italiennes, on compte de l’autre côté de la frontière plusieurs établissement proposant un cursus en langue française ou bilingue. L’un des exemples les plus anciens et les plus aboutis est l’école française de Vintimille, inaugurée en 1962, qui propose un enseignement entièrement bilingue à une centaine d’élèves français, italiens et binationaux. Cette école maternelle et élémentaire joue un rôle clé dans la promotion d’une identité transfrontalière. Citons dans le domaine de l’enseignement supérieur le projet FEAST, lancé en 2017. Né d’un partenariat entre l’Université de Savoie Mont Blanc et l’Université de la Vallée d’Aoste, il vise à développer un double diplôme de Master de “Développement et Internationalisation des entreprises et des territoires” et à mettre en commun les savoirs transfrontaliers pour créer une synergie étudiants-professionnels.