Frontière France-Espagne-Andorre
Sommaire
Thématiques et projets de coopération
Coopération en matière de transports
Un thème est prégnant : celui des transports, qu’ils soient de proximité, ou bien qu’ils soient une alternative à la saturation des infrastructures qui voient se concentrer les flux, essentiellement routiers, sur le littoral basque et au col du Perthus, côté catalan. A cet égard, le trafic de proximité dans le cas du Pays basque vient s’ajouter à un trafic longue distance car cet axe correspond également à l’autoroute Paris-Madrid.
Pendant la crise sanitaire, la fermeture des frontières a limité la libre circulation, mais des conséquences et des obstacles perdurent encore aujourd'hui à la frontière franco-espagnole, car plusieurs points de passage frontaliers, notamment dans les Pyrénées-Orientales et les Pyrénées Atlantiques, sont toujours coupés. Ces fermetures ont des conséquences socio-économiques importantes notamment pour les travailleurs frontaliers. Les autorités locales sont mobilisées pour obtenir leur réouverture par l'Etat, qui a décidé, suite à la crise sanitaire, du maintien de leur fermeture pour diverses raisons (menace terroriste, trafics, et surtout immigration clandestine).
Les régions reconnaissent elles aussi l’importance de la mobilité transfrontalière, notamment en lien avec un enjeu de premier plan, celui de l'emploi. Dans un rapport de juin 2020 intitulé "La mobilité transfrontalière en lien avec la formation et l’emploi", le CESER Nouvelle-Aquitaine a ainsi analysé les disparités et défis communs, il a dressé un état des lieux des actions de mobilité transfrontalière et identifié les obstacles et opportunités de coopération. Ce rapport détaillé se termine par une analyse des bonnes pratiques et émet des préconisations.
Pour surmonter les difficultés, des projets importants sont mis en œuvre dans le domaine des transports transfrontaliers, à l'exemple du projet "TRANSFERMUGA-RREKI" (2019-2022), continuité de deux projets du même nom. Ses objectifs : améliorer et faciliter l’accès à l’information des services de transport transfrontaliers (portail et application mobile), consolider l’intermodalité des transports transfrontaliers et faire progresser la connexion ferroviaire. Une étude de l’ensemble des flux de déplacements de voyageurs, à l’échelle du corridor Bayonne-Donostia, a été conduite dans le cadre du précédent projet "TRANSFERMUGA". Ce travail a débouché sur la création d'une ligne de bus transfrontalière Euskadi Express reliant Bayonne (France) à Ficoba (Espagne) ainsi qu’une amélioration des correspondances entre Bayonne et Hendaye.
Autres exemples :
- Pour encourager l’usage des transports alternatifs à la voiture, pour les résidents comme pour les touristes, le projet "E-MOBASK" s’appuie sur les réseaux existants et travaille sur l’information-voyageurs et l’intégration billettique.
- Dans le bassin de vie "Bidasoa-Txingudi" (Hendaye – Irun – Hondarribia) où 90% des déplacements quotidiens se font en voiture, le projet SMARTMOB (2018 à 2022) a employé une approche similaire et a abouti à plusieurs succès comme la diffusion d’un plan de mobilité transfrontalier "Bidasoa Sud-Pays Basque" et la mise en service de lignes de bus électriques sur le réseau "Irunbus."
COOPÉRATION ENTRE ESPACES NATURELS
Au centre du massif, la coopération est marquée par les espaces naturels. Le Parc national des Pyrénées (créé en 1968, départements des Hautes Pyrénées et Pyrénées Atlantiques) et le Parc National Ordesa-Mont-Perdu (créé en 1918, Aragon) ont par exemple obtenu une reconnaissance internationale commune avec leur inscription conjointe au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998. Plus d'infos
Le Parc naturel régional (PNR) Pyrénées Catalanes est quant à lui impliqué dans des relations avec les territoires voisins espagnols (Catalogne, Andorre et enclave de Llivia). Sa Charte, validée par l’Etat en 2004, fait de la coopération avec les pays limitrophes l'une de ses priorités. Plus d'infos
Autre projet emblématique, le Parc des Trois nations, situé à cheval entre l’Andorre, l’Espagne et la France, créé en 2018. Ce premier parc transfrontalier regroupe quatre parcs différents. A long terme, la coopération vise notamment la mise en place d'un projet POCTEFA pour présenter une candidature de "réserve de biosphère transfrontalière" à l'UNESCO. Plus d'infos
Le projet "ENTREPYR II" (suite de "ENTREPYR") réunit plusieurs refuges de montagne dans les Pyrénées. L’objectif est la promotion de l’utilisation transfrontalière des hébergements de montagne et leur développement conjoint et durable.
La dimension environnementale très présente dans la coopération franco-espagnole s’illustre également dans le domaine de la gestion des cours d’eau transfrontaliers (Nive, Nivelle, Sègre, Garonne, etc.), ou en réponse à la crise écologique comme avec la stratégie climatique de la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP) ou l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (plus d’infos dans les Focus de la MOT sur l’environnement et le changement climatique).
COOPÉRATION MARITIME
Le projet "From Seanergies to Seanergy" a par exemple visé le renforcement de la coopération entre les régions françaises et espagnoles afin de développer l'énergie marine.
Certains projets transfrontaliers portent sur la revalorisation côtière, à l'exemple du projet LifeLEMA, qui travaille au retrait des déchets aquatiques sur l’ensemble côtier du Pays basque franco-espagnol, ou encore le projet "EZPONDA", un projet de recherche centré sur l’altération des falaises rocheuses de la côte basque et des ouvrages de protection.
COOPÉRATION dans le domaine de la santé et des risques naturels
Le projet "SECURUS" concerne la sécurisation de plusieurs itinéraires et espaces transfrontaliers (Bielsa-Aragnouet et Espace Pourtalet) afin de protéger les usagers face aux risques naturels. Plus précisément, le projet travaille sur la protection et la prévention des risques d’avalanches, de glissements et d’érosion des terres, liés à la foudre, ainsi qu'au développement et à la mise à jour de plans d’actions binationaux articulés avec des équipes de première intervention.
Sur le plan sanitaire, le centre hospitalier de Bayonne a été pionnier en matière de coopération transfrontalière avec de nombreuses actions menées depuis la fin des années 1990.
Par ailleurs de nombreux contacts entre les deux ministres de la santé ont abouti le 17 octobre 2005 à la signature d'un accord-cadre de coopération sanitaire transfrontalière et d'une déclaration conjointe d'intention visant la mise en place du projet d'hôpital transfrontalier de Cerdagne.
Afin d'en assurer la gestion transfrontalière, un GECT (Groupement européen de coopération territoriale) a été créé en 2010. L'hôpital transfrontalier de Cerdagne, situé à Puigcerda (Catalogne), est ensuite inauguré en septembre 2014. Ce projet ambitieux permet à la Cerdagne franco-espagnole de disposer d'une structure médicale capable de subvenir à une population d’environ 32 000 habitants - pouvant atteindre 150 000 en période touristique - dans une région montagneuse et isolée. Il s’agit d’une structure unique en Europe.
A noter également, en 2020, un centre de secours transfrontalier est mis en place entre la Navarre, l'Aragon, le Guipúzkoa. Son poste de commandement permet d'intervenir là où se trouve le danger, que ce soit en France ou en Espagne (aboutissement du projet "ALERT").
COOPÉRATION EN MATIÈRE DE FORMATION
De nombreuses formations en transfrontalier existent sur la frontière. Parmi elles, on peut citer les exemples suivants :
- Côté Pyrénées-Orientales, l'IFCT (Institut Franco-Catalan Transfrontalier) qui est une composante de l'Université de Perpignan et qui entre dans le cadre de la constitution d’un pôle français de formation et d’expertise sur le domaine catalan et sur les questions transfrontalières. Cette entité, qui réunit des partenaires français et espagnols, a notamment développé un Master de "Relations transfrontalières".
- Côté Atlantique, l'ACTI (Association pour la Coopération Transfrontalière et Interrégionale), regroupant les étudiants du Master "Affaires européennes et internationales" avec une spécialisation "Coopération transfrontalière et interrégionale" de la faculté de Bayonne, et qui entend favoriser le développement de la relation transfrontalière dans le cadre de l'Eurocité basque.
- Rattaché à l'Université Toulouse le Mirail, un Master Européen "Aménagement et développement transfrontaliers de la montagne" a été mis en place à Foix.
La coopération liée à la formation n’est pas limitée aux universités. Il existe également, depuis 2005, une école élémentaire transfrontalière au Perthus.
De plus, le projet Forma NAEN, lancé au début de 2020, vise à promouvoir la mobilité et l’insertion professionnelle dans l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine – Euskadi – Navarre (NAEN) à travers la conception d’un module de gestion administrative transfrontalière, la validation des compétences et homologation des formations dans le secteur de l’automobile, l’apprentissage de compétences linguistiques techniques et la réalisation de diverses actions de sensibilisation auprès des apprentis et du corps enseignant des centres participants.
Le projet AVENIR, financé lui aussi par le programme POCTEFA, porte sur l'accueil de mineurs non accompagnés, dans l'optique de les former à un métier et de les aider à trouver un emploi dans l’espace transfrontalier, plus précisément entre l’Ariège et la Catalogne.
COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
La CCI BIHARTEAN, Chambre de commerce et d'industrie transfrontalière en Pays Basque, est un exemple phare de cette coopération. Elle a été créée sous la forme d’un GEIE en juillet 2010 par la Chambre de Commerce de d’Industrie de Bayonne Pays Basque et la Chambre de Commerce de Gipuzkoa.
Ses missions sont d’accompagner les entreprises des deux territoires frontaliers dans leurs projets transfrontaliers, développer les projets économiques transfrontaliers, répondre aux besoins des entreprises situées dans chacun des deux territoires et créer une offre économique et de formation en commun
Plus à l’Est, CCI Pirineus Med est une association de Chambres de commerce et d’industrie fondée pour favoriser et développer la coopération économique transfrontalière sur le territoire d’Andorre, Gérone, Lleida et Perpignan. Le projet, lancé en mai 2016, consiste à impulser et promouvoir les relations des entreprises des quatre territoires à l’échelle du marché du travail transfrontalier.
Enfin, le projet "Competitiv’Eko" se base sur les complémentarités des entreprises, centres technologiques et de formation de chacun des territoires de Nouvelle-Aquitaine, Euskadi et Navarre. L’objectif est de constituer de nouvelles chaînes de valeur qui soient transfrontalières et durables, ainsi que de créer des opportunités commerciales pour les Start-ups, les TPE et les PME-PMI.
COOPÉRATION EN MATIÈRE DE CULTURE, JEUNESSE, SPORTS et inclusion sociale
Créée en 2020, l’Association transfrontalière d’innovation Comminges Aran (ATICA) englobe plusieurs domaines : économique, culturel, linguistique et tous les secteurs d’activités propres à favoriser la coopération transfrontalière. Son rôle est d’accentuer les synergies entre le Val d’Aran et le Comminges et d'informer et orienter le public transfrontalier. L’association se veut également un relais d’information pour la jeunesse et vise à inclure cette population dans la vie sociale et économique transfrontalière (libre circulation des élèves transfrontaliers). Elle participe également à la mise en place d’activités culturelles transfrontalières. Plus d'infos
Karrikan est un dispositif qui a pour objet d’encourager la création artistique et d’accompagner les artistes émergents du Pays Basque. Ce dispositif soutient les artistes, les collectifs ou les compagnies présentant des "spectacles vivants", tels que le théâtre, la danse ou le cirque, en favorisant l’usage de la langue basque. Cette plateforme transfrontalière encourage également la collaboration entre différents territoires d’Euskadi-Navarre-Aquitaine.
Situé sur la frontière, l'Espace Pourtalet est né de la volonté de transformer l'ancienne douane qui séparait les Pyrénées Atlantiques et la Région d'Aragon en un véritable espace transfrontalier. Grâce au programme Interreg POCTEFA, la structure a été réhabilitée pour devenir un centre de ressources et le siège d'initiatives touristiques, culturelles et économiques du territoire (accueil des pèlerins du chemin de Compostelle, salle polyvalente pour réaliser expositions, séminaires, formations, point d'informations touristiques et zone technique). Cet espace socioculturel et multifonctionnel a été inauguré en octobre 2014.
Rendre la culture et le patrimoine plus accessible aux personnes en situation de handicap est l’objectif du projet "Jacob@ccess". Ce projet concerne le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle et a conduit à la création d'infrastructures adaptées et de centres d’interprétation pour garantir l’égalité d’accès au patrimoine à tous les publics. En favorisant l’inclusion sociale, le projet peut servir de référence dans la construction d'infrastructures destinées aux personnes handicapées
En matière sportive ou de loisirs, le projet "EDERBIDEA" a créé un circuit de voies vertes reliant les villes de Pampelune, San Sebastián et Bayonne, permettant de faire le trajet d'une ville à l'autre à vélo. Réduction de la pollution, développement d'un mode de transport soutenable, promotion du vélo dans un but touristique, font partie des enjeux du projet.
Structure de développement territorial par l’organisation d’activités culturelles et patrimoniales en milieu rural, le Pays d’art et d’histoire transfrontalier "Les Vallées Catalanes du Tech et du Ter" a été créé en 2010 par une convention passée avec le Ministère de la culture et de la Communication, et s’est structuré en Groupement européen de coopération territoriale (GECT) en 2015. Il compte 31 communes sur les territoires du Pays Pyrénées-Méditerranée en France et de la Diputació de Girona en Espagne. Il poursuit une mission d’animation patrimoniale du territoire à travers de nombreux projets et activités.
Enfin, le projet AVENIR porte sur l'accueil de mineurs non accompagnés, dans l'optique de les former à un métier et de les aider à trouver un emploi dans l’espace transfrontalier, plus précisément entre l’Ariège et la Catalogne.
Photo : Istock / Pavel Adashkevich