Les Outre-mer
Amazonie
Programme de coopération Amazonie 2014-2020
Ce programme de coopération comprend un volet transfrontalier qui concerne la Guyane, le Suriname et l’Etat d’Amapa (Brésil), et un volet transnational concernant cette fois la Guyane, le Suriname, et les Etats d’Amapa, du Para, et de l’Amazonas (Brésil), ainsi que le Guyana.
Géré par la collectivité territoriale de Guyane, le Programme de Coopération Amazonie permet de mettre en synergie les potentialités de l’espace de coopération "Guyane-Suriname-Brésil".
Le Programme Interreg Amazonie 2014-2020 est par ailleurs la transposition en Amérique du Sud des dispositions de l’Accord de partenariat entre la France et la Commission Européenne. En effet, l’Accord indique notamment que dans les RUP, "la coopération territoriale européenne contribue à favoriser l’insertion des RUP dans leur environnement régional, notamment par le renforcement des relations et le développement des échanges avec les Pays et territoires d’outre-mer, les pays (de l’Océan Indien,) des Caraïbes (et du Pacifique) ainsi que les Etats tiers de leur zone géographique".
On peut noter un développement du positionnement international de la Guyane, qui peut adhérer en son nom propre aux organisations internationales à vocation régionale (en qualité de membre associé) et a créé en 2013 une antenne régionale à Paramaribo avec un poste d’Ambassadeur de la CTG pour le Suriname et le Guyana.
Le programme dispose d’un budget de 18,9 millions d’euros pour la période 2014-2020, financé par le FEDER.
La description du programme sur le site de la COM de Guyane : https://www.ctguyane.fr/po-amazonie/
Objectifs du programme
Le programme se décline en 4 axes stratégiques :
Axe 1 – Renforcement de l’offre de transport au sein de l’espace de coopération
Le territoire de coopération se caractérise par un très fort enclavement et la faiblesse des moyens de transports (routier, fluvial, maritime et aérien) pour les personnes comme pour les biens, au sein de l’espace de coopération et vers l’extérieur.
Les infrastructures routières ont connu au cours des dernières années un développement important mais restent insuffisantes. A l’échelle des territoires, seuls quelques grands axes sont de bonne qualité ; les connexions entre les différents réseaux nationaux commencent seulement à être établies.
Ainsi par exemple la stratégie de développement du bassin de l’Oyapock et notamment son projet de plan d’action pour le développement de la coopération transfrontalière dans la zone d’une part, et la coopération transfrontalière franco-surinamaise d’autre part, contiennent un volet central transport permettant de fluidifier les échanges dans la région.
En ce qui concerne les liaisons de transport au sein du bassin de l’Oyapock à la frontière franco-brésilienne, elles se sont vues récemment facilitées ; la mise en œuvre des projets de développement a en effet été accélérée par l’ouverture en mars 2017 du pont sur l’Oyapock entre la ville de Saint-Georges-de l’Oyapock en Guyane (France) et la ville d’Oiapoque en Amapá (Brésil). A la frontière franco-surinamaise, la construction et la mise en exploitation en cours du bac sur le fleuve Maroni entre Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane (France) et Albina (Suriname). Ce projet, pour lequel la MOT apporte son assistance à la Collectivité Territoriale de Guyane, devrait faciliter les liaisons transfrontalières pour le transport de voyageurs et de marchandises, contribuant ainsi au développement de la région
Axe 2 – Protection et valorisation de la biodiversité exceptionnelle et du patrimoine naturel et culturel de l’espace de coopération
La valorisation de la biodiversité exceptionnelle de la zone passe par une coopération entre les parcs, mettant en œuvre la lutte contre les pollutions liées aux activités aurifères (pollution au mercure, en lien avec la pratique de l’orpaillage illégal), mais aussi la lutte contre la déforestation.
Les territoires de l’espace de coopération se sont engagés, à des degrés divers, pour la préservation des espaces et des espèces protégés : réserve naturelle du Centre Suriname, 72% du territoire de l’Amapa classé zone de protection… Ils doivent également faire face à des risques communs liés à l’espace forestier amazonien : inondations, érosion des sols, glissements de terrain (renforcés par la déforestation).
D’autres initiatives peuvent concerner la conversion des filières bois et pêche en filière d’exploitation durable, qui peut être encouragée par la mise en place de labels, le développement de l’écotourisme et le développement de marchés carbone.
Le programme REDD+ peut être mobilisé, et en attribuant une valeur économique aux forêts (carbone stocké dans les arbres), il valorise davantage les forêts sur pied qu’abattues.
Une fois le carbone quantifié, les pays industrialisés acquittent aux pays en développement des crédits carbone pour leurs forêts sur pied. Le Guyana et le Suriname travaillent depuis 2009 sur une stratégie REDD+ et les Etats de l’Amapa, du Para et de l’Amazonas ont été sensibilisés à ce programme.
Axe 3 – Réponses aux problématiques sanitaires et sociales caractéristiques de l’espace de coopération
En termes de santé publique, les territoires de l’espace de coopération partagent des problématiques et des défis communs. A divers degrés, l’espace de coopération se caractérise par :
- Une prévalence de certaines pathologies et des enjeux sanitaires dont un grand nombre est lié au climat tropical et aux problématiques d’assainissement (notamment au Suriname et au Nord-Brésil). La région du fleuve Maroni concentre la majeure partie des enjeux sanitaires : paludisme, dengue, pathologies digestives liées à l’eau et parasitoses, tuberculose. La précarité, l’exclusion, le manque d’accès à l’eau, l’accès inégal aux soins et la transmission transfrontalière de ces maladies constituent des facteurs aggravants. La contamination au mercure en Amazonie et le VIH sont également des sujets de préoccupation.
- Une offre de soins défaillante : manque et pénuries de personnel médical, qualité des soins, inégalités territoriales d’accès aux soins. Le système de santé brésilien manque de personnel, la capacité des hôpitaux au Suriname est très faible.
En Guyane l’espérance de vie à la naissance est inférieure de 2 ans à celle de la métropole. Le taux de mortalité infantile (11,6‰) est très élevé, et la situation est pire au Suriname et au Brésil.
Les pistes pourraient par exemple être l’hôpital d’Albina situé à la frontière avec la Guyane, avec l’idée d’un hôpital international, en situation d’extraterritorialité. En Guyane, le développement de la télémédecine est une solution aux problèmes d’accès aux soins et à l’absence de moyens de transports médicalisés dans certaines parties du territoire.
La question sociale dans cet espace est très liée à l’enclavement des territoires, les populations des zones les moins densément peuplées sont souvent des minorités ethniques et des populations immigrées. Sans diplôme, subissant le chômage, elle vient dans des conditions très difficiles, notamment dans l’intérieur des terres. Les progrès sociaux au Suriname, au Brésil et au Guyana sont notables, même si la pauvreté et les inégalités demeurent encore élevées.
Axe 4 – Développement de conditions favorables aux échanges et à la croissance économiques dans l’espace de coopération
Dans le cadre du programme Amazonie, la Chambre de commerce et de l’industrie de la Guyane (CCIG) qui dispose d’un bureau à Macapa, apparaît à l’est, comme chef de file des projets de développement économique impliquant Amapa (Brésil). Ainsi, au début de l’année 2013, la CCIG Guyane a confié à la MOT la mission de définir les missions et les services proposés par la future Maison transfrontalière Guyane-Brésil, conçue comme un guichet unique mais multi-sites (Cayenne-Macapa et sur la frontière) d’informations transfrontalières non seulement économiques mais de tous ordres rassemblant partenaires amapaéens et guyanais dans une logique de mise en réseau et une coordination des interventions. La MOT a, entre autres, étudié les acteurs et leurs rôles respectifs, les publics-cibles, les moyens techniques et financiers à mettre en œuvre.
Concernant la zone de coopération Guyane-Suriname, la CCIG est également très active. Pour ce faire, elle a ouvert une antenne à Paramaribo animée par un conseiller en développement international des entreprises. L’antenne se place comme partenaire privilégié de la Chambre de commerce du Suriname (KKF), accompagne et soutient le développement à l’international des entreprises surinamaises et guyanaises et doit permettre le développement d’un réseau d’interlocuteurs des différentes institutions publiques et privées surinamaises, françaises et internationales présentes sur le territoire surinamais. Par ailleurs, c’est à l’initiative de la CCIG qu’en 2011 une large étude de faisabilité sur le franchissement du fleuve Maroni a été menée visant à évaluer et à présenter des perspectives de développement des échanges.
Résultats attendus :
1. Doubler le nombre de passagers (près de 12 000 aujourd’hui) et tripler le nombre de véhicules transitant chaque année par le bac sur le Maroni (7800 actuellement)
2. Mettre en place de liaisons de bus internationales, notamment la création d'une liaison entre Cayenne et Macapa au Brésil
3. Renforcer la lutte contre la pollution sur les sites d'exploitation aurifère
4. Diminuer d’au moins 25% la part des patients pris en charge dans des centres santé améliorés, en particulier dans les zones transfrontalières
5. Augmenter de façon significative les échanges commerciaux entre la Guyane et les territoires voisins
Autres enjeux identifiés
Connectivité numérique
Aujourd’hui, afin d’assurer la majeure partie des communications, les opérateurs de l’espace de coopération utilisent le câble sous-marin America’s II. La connexion des territoires de coopération est donc soumise au bon fonctionnement de cet unique câble dont la capacité est limitée. Un projet de construction d’une dorsale terrestre hertzienne entre la Guyane et l’Amapa (financé par le PC Amazonie 2007-2013) a démarré en juillet 2012.
Le taux de couverture, et donc d’utilisation des ressources TIC, reste donc encore faible. Par exemple, en Guyane, la moitié des zones habitées ne bénéficie pas d’un accès fiable au téléphone et à Internet. Le développement des TIC est pourtant capital pour le développement des entreprises.
Education et formation
Le niveau d’éducation et de formation des populations est encore faible, notamment par rapport aux standards internationaux. L’illettrisme est dans certaines régions encore important.
L’offre éducative et la qualité de l’enseignement ne sont pas à même de répondre aux besoins des populations (notamment dans les zones les plus isolées).
Il y a donc des pistes d’amélioration sur :
- Le nombre d’enseignants
- La construction d’infrastructures
- La formation des enseignants
- La modernisation de la pédagogie
Les efforts du Guyana et du Suriname sont à noter, avec une politique volontariste pour l’éducation et l’enseignement supérieur, (en matière de scolarisation en primaire au Guyana ; en matière de qualité de l’éducation, de la formation professionnelle et de lutte contre le décrochage scolaire au Suriname).
L’offre de formation des différents territoires, encore faible, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif, génèrent d’importants mouvements de départ des jeunes qui vont se former ailleurs. Les jeunes diplômés, faute d’opportunités professionnelles, ne reviennent que rarement dans les régions dont ils sont issus.
Energie
L’enclavement énergétique est double : les réseaux principaux ne sont pas interconnectés et de nombreux sites, parfois très peuplés, sont isolés et non connectés au réseau principal. Chaque territoire doit ainsi produire localement toute l’énergie qu’il consomme. La sécurisation des approvisionnements énergétiques dans ces zones est ainsi un enjeu très fort, d’autant plus avec de fortes productions d’électricité de source renouvelable (hydraulique, biomasse, solaire).
Avec 70% d’énergie électrique renouvelable en 2012, la Guyane se place parmi les régions françaises les plus performantes en la matière.
Au Suriname, 62% de la capacité installée est hydraulique, au Brésil, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique est de 43,9% en 2011.